Dahmer : quand une série attise la colère sur la toile
Sortie le 21 septembre 2022 sur Netflix, Dahmer est devenue l’une des séries les plus visionnées de la plateforme. Elle suscite autant de fascination que de polémiques. Accusée de tous les maux, la série cartonne avec 196.2 millions de vues la première semaine de sa sortie. Alors que reproche-t-on exactement à cette série ?
Bande Annonce Monstre : L’histoire de Jeffrey Dahmer
Une série de serial killer tout aussi banale que tant d’autres, à première vue !
La mini-série Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer est incontestablement un succès, Elle occupe la 1ère place du Top 10 de Netflix depuis sa sortie le 21 septembre dernier. Elle est même devenue l’une des séries de la plateforme les plus populaires de tous les temps avec près de 800 millions d’heures de visionnage.
En effet, le programme est seulement détrôné par la saison 4 de Stranger Things (1,3 milliard) et Squid Game avec 1,65 milliard d’heures visionnées. Son record impressionnant confirme l’intérêt du public pour les tueurs en série.
Dans les années 80, Jeffrey Dahmer, surnommé le cannibale de Milwaukee, a assassiné dix-sept personnes innocentes dans des atrocités inimaginables. La série Dahmer, avec Evan Peters dans le rôle principal, se penche sur ces crimes abjects. Cette fois-ci, les divers points de vue des victimes sont pris en compte, jusqu’à présent négligés.
Les autorités de l’époque, particulièrement pénalisées par le racisme systémique, ont permis à l’un des tueurs en série les plus célèbres de continuer à se livrer à sa folie meurtrière pendant plus de dix ans.
Si la série est un succès d’audience d’une part, d’autre part elle est loin de faire l’unanimité et fait l’objet de plusieurs polémiques. Des personnes ayant travaillé sur le projet ont ainsi dénoncé des conditions de travail déplorables, voire « traumatisantes » dans certains cas.
Des accusations de racisme sur le tournage
« L’une des pires séries sur laquelle j’ai travaillé… », dixit Kim Alsup, coordinatrice de production sur le tournage. Elle a récemment publié sur le réseau social Twitter le témoignage de cette expérience, affirmant avoir été « traitée horriblement ». La jeune femme raconte qu’elles n’étaient que deux femmes de couleur sur le tournage et que l’ensemble des équipes ne cessait de les confondre.
Une série qui ne convient pas à la communauté LGBT
Netflix a attiré, sans le vouloir, l’attention de la communauté LGBTQ. En effet, la décision de classer Dahmer dans la catégorie des contenus LGBTQ a déclenché une controverse sur le web, condamnant ainsi Netflix pour cette décision. Normalement, cette étiquette est utilisée pour promouvoir des séries telles que Heartstopper ou encore Sex Education, qui présentent des personnages LGBTQ sous un jour positif. D’une façon générale, le choix de Netflix réside sur le fait que Dahmer soit un homme gay.
Les familles des victimes crient à la monétisation du crime
La série fait aussi polémique auprès des familles des victimes. Rita Isbell, la sœur d’Errol Lindsay, fait partie des proches des victimes qui figurent dans la série. En 1992, lors du procès, elle avait livré un discours qui avait marqué les personnes présentes dans l’assemblée. Cela dit, elle n’a pas été consultée par Netflix pour le scénario de la mini-série. La plateforme ne s’est pas non plus assurée que les proches des victimes ne risquaient pas d’être bouleversés par les images. Rita Isbell déplore également que Netflix n’ait pas versé le moindre dollar aux familles des victimes malgré son succès mondial. Eric, le cousin d’Errol, avait qualifié la série de « traumatisante » et de « sauvage ». Aussi, la mère de l’une des victimes s’est-elle à son tour exprimée, mettant en cause la crédibilité de certains récits.
Un sujet de réflexion: faut-il regarder la série ? Les avis sont nombreux.
Il n’y a aucun doute possible, Dahmer est un succès et il est partiellement justifié. La performance d’Evan Peters dans le rôle principal est stupéfiante, la série dénonce en soit des discriminations systémiques. Et la deuxième moitié de la saison est aussi bouleversante que choquante.
Mais la popularité de la série ne réside-t-elle pas principalement dans une curiosité malsaine de l’être humain ? Il est difficile de bien apprécier l’histoire de Dahmer sans avoir un malaise permanent à chaque épisode.
Netflix a basé sa communication autour du respect des victimes. Evan Peters répète dans les interviews qu’ils ont adopté leur point de vue, et non celui du boucher. Mais honnêtement, la première saison manque de vivacité. Toute la première partie est entièrement consacrée à son passé ainsi qu’ à ses premières dissections macabres. Par ailleurs, Dahmer aurait vraiment gagné en originalité en nous plongeant davantage du côté des victimes dans l’épisode 6. D’une part, la série mérite une partie des louanges qui lui sont adressées. D’autre part, les critiques devraient servir de leçon à Netflix pour mieux traiter ce type de sujets, notamment en consultant les concernées et leur communauté respective.
